Coccidioses intestinales | La cryptosporidiose
Introduction :
La cryptosporidiose fait partie des coccidioses intestinales qui sont des protozooses intestinales qui répondent à la définition de parasitoses opportunistes où la fréquence est particulièrement élevée chez les patients présentant un déficit de l’immunité :
- La cryptosporidiose
- L’isosporose
- La cyclosporose
- La sarcocystose
Ces infections peuvent être également retrouvées chez les patients immunocompétents mais leurs manifestations cliniques sont moins sévères et généralement spontanément résolutives.
La criptosporidiose
Définition :
C’est une infection causée par un protozoaire du genre Cryptosporidium. Il existe plusieurs espèces dont les principales sont Cryptosporidium hominis, infectant uniquement l’homme et Cryptosporidium parvum parasite de l’homme et de plusieurs espèces de mammifères (bovins, ovins).
Le terme Cryptosporidium signifie "sporocyste caché" car il se caractérise par l'absence du stade sporocyste retrouvé chez les autres coccidies.
Il se caractérise par un développement dans les microvillosités des cellules épithéliales dans une vacuole parasitophore avec une localisation intracellulaire mais extracytoplasmique.
Classification:
Embranchement Protozoa
Sous-embranchement Apicomplexa
Classe Coccidea
Ordre Eimeriida
Famille Cryptosporidiidae
Genre Cryptosporidium
Morphologie:
Se présente sous forme d’oocyste arrondi, avec une paroi épaisse et un contenu granuleux, leur taille est de 5 à 8 μ. Il renferme 4 sporozoites disposés en C et une grosse vacuole.
Mode de contamination :
La contamination est liée au péril fécal, indirecte par ingestion d'eau ou d'aliments souillés par les oocystes, directe par les mains sales suite à un contact avec une personne ou un animal infecté.
Certains comportements sexuels sont particulièrement à risque.
L'utilisation agricole de l'engrais humain constitue un facteur épidémiologique favorisant la transmission.
Les oocystes peuvent résister jusqu'à six mois à une température de 20°C et conserver leur potentiel infectant.
Cycle évolutif :
1) L’homme se contamine en ingérant de l’eau souillée par des oocystes sporulées
- Multiplication asexuée ou mérogonie
2) Le trophozoite dans sa vacuole parasitophore, après trois divisions nucléaires, donne naissance à un méronte de type I qui contient les mérozoites de type I
3) A la maturité du méronte, les mérozoites sont libérées dans la lumière intestinale par rupture de l’enveloppe parasitophore.
4) Une fois libres les mérozoites infectent les entérocytes voisins avec deux possibilités
- Ils initient une nouvelle mérogonie de type I, c’est la rétroinfection
- Ou ils initient une mérogonie de type II
5) Un mérozoite de type I se fixe sur une nouvelle cellule hôte, donne un nouveau trophozoite qui se transforme en méronte de type II
6) Le méronte de type II mûr libère 04 mérozoites de type II. Les mérozoites de type II vont donner naissance aux stades de développement sexués.
- La multiplication sexuée ou gammogonie
7) Le mérozoite de type II après avoir envahi un entérocyte, donne un trophozoites qui se
différencie soit en macrogamonte soit en microgamonte
- Le macrogamonte ou la gamonte femelle ne subit pas de divisions nucléaires, mais
accumule des réserves, il se transforme ensuite en macrogamète qui reste dans la
vacuole parasitophore.
- Le microgamonte ou la gamonte male, produit 16 microgamètes cunéiformes non flagellés
8) Les microgamètes pénètrent un macrogamète, le fécondent et forment un zygote.
- La sporogonie :
9) Oocyste a paroi fine (environ 20%) qui se rompt facilement et libère des sporozoites qui entament un nouveau cycle parasitaire C’est le cycle d’autoinfestation.
10) L’Oocyste à paroi épaisse (environ 80%) sont éliminés dans les fèces et sont extrêmement résistant dans l’environnement, ils sont directement infestant pour un nouvel hôte sensible.
Clinique :
La multiplication des parasites dans les entérocytes entraîne des perturbations hydroéléctrolytiques et une malabsorption.
Chez un sujet immunocompétent, la cryptosporidiose est responsable :
- d’une diarrhée muqueuse consistant en 3 à 10 selles par jour, liquides et non sanglantes.
- des douleurs abdominales, des nausées,
- une fièvre modérée (38-38.5°C inconstante).
- Ces symptômes sont spontanément résolutifs en une dizaine de jours sans traitement.
Chez les enfants et les personnes âgées, on peut observer des formes diarrhéiques plus
prolongées.
Chez les patients immunodéprimés, la cryptosporidiose est responsable :
- d’une diarrhée prolongée devenant chronique et s’associant à une forte malabsorption. Elle peut être directement ou indirectement responsable de décès (65 décès ont été observés lors de l’épidémie de Milwaukee). Les principaux sujets touchés sont les patients infectés par le V.I.H. dont le taux de CD4 est <100/mm3
- Une atteinte des voies biliaires est fréquente chez les patients immunodéprimés du fait d’une colonisation de l’épithélium des voies biliaires.
- Des formes extra-intestinales (pulmonaires) sont exceptionnelles.
Depuis quelques années, on observe une forte diminution du nombre de cas de cryptosporidiose chez les patients infectés par le VIH, grâce à la reconstitution immunitaire induite par les traitements anti-rétroviraux. Des formes sévères sont également observées chez d’autres patients immunodéprimés
présentant un déficit de l’immunité cellulaire.
Diagnostic :
Le principal moyen de diagnostic de la cryptosporidiose est la recherche d’oocystes dans les selles. Il est recommandé d’effectuer une technique de concentration puis une technique de coloration des oocystes.
La coloration de Ziehl-Nielsen modifiée par Henricksen et Pohlenz conduit à une coloration des oocystes en rose fuschia, bien visible après contre coloration en vert ou en bleu. Les oocystes ont une forme arrondie avec une paroi épaisse et un contenu granuleux ; leur taille est de 5 à 8 microns suivant les espèces.
Des oocystes peuvent être retrouvés dans le liquide jéjunal ou la bile et très exceptionnellement dans le liquide de lavage broncho-alvéolaire.
Les cryptosporidies peuvent également être mises en évidence par examen histopathologique
de biopsies intestinales après coloration à l’hématoxyline.
Les Techniques de Biologie moléculaire: PCR, PCR RFLP permettent de distinguer entre les
différentes espèces du parasite.
Le diagnostic par immunofluorescence ou par ELISA est également possible.
Traitement:
Aucun traitement n’est totalement efficace que ce soit chez les patients immunocompétents ou immunodéprimés. Deux médicaments ont une activité partielle sur la cryptosporidiose digestive en réduisant la durée des symptômes mais sans permettre une éradication des parasites. Il s’agit de la paromomycine Humatin® et de la nitazoxanide Alinia®.
Ce qui souligne l'importance d'un traitement symptomatique par la réhydratation et le rétablissement
de l'équilibre électrolytique.
Prophylaxie :
Il n’existe aucune chimioprophylaxie. La prévention individuelle consiste à réduire le risque de contamination par des oocystes, en respectant des règles d’hygiène alimentaire et en évitant l’ingestion d’eau ou d’aliments pouvant être souillés par des matières fécales.
Chez les patients fortement immunodéprimés, cette prévention conduit à recommander
exclusivement la consommation d’eau embouteillée.
La prévention collective consiste à protéger les ressources naturelles d’eau de toute contamination fécale animale et s’assurer de la protection et de l’intégrité des réseaux de distribution d’eau potable. Il n’existe aucun vaccin animal ou humain pour la cryptosporidiose.
Note : cet article a été inspiré du cours du Dr YEBBOUS Bensaid sur les coccidioses intestinales
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